Dissertations corrigés de philosophie pour le lycée

Catégorie : La justice

La justice, principe fondamental de la philosophie politique et morale, interroge la répartition équitable des droits et des devoirs au sein de la société. En explorant la justice, nous nous penchons sur les notions de droit, d’équité et de responsabilité, et nous réfléchissons aux mécanismes qui assurent l’ordre social.

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En quoi le droit de punir participe-t-il de la justice ?

Le droit de punir semble inhérent à toute organisation sociale, mais se demande-t-on assez si cette pratique peut se justifier au nom de la justice ? Faut-il considérer la sanction comme juste rétribution ou simple moyen de contrôle ? Cette question interroge les fondements mêmes de la relation entre droit et justice.

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La violence peut-elle être légitime ?

La question de la légitimité de la violence interroge notre conception de la justice, de la morale et du pouvoir. Historiquement, certains contextes justifient l’usage de la force, tandis que d’autres y voient une atteinte aux droits fondamentaux. Comment définir les critères qui rendent la violence acceptable ou inacceptable dans la société ?

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Peut-on tout pardonner ?

Pardonner, c’est faire preuve d’une grandeur d’âme en renonçant au ressentiment. Pourtant, certains actes semblent défier toute indulgence, et la question se pose : peut-on tout pardonner ? Cette interrogation nous conduit à réfléchir sur les limites du pardon, au croisement de la morale, de l’éthique et des émotions humaines.

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Y a-t-il un droit du plus fort ?

La question de l’existence d’un droit du plus fort interroge la légitimité des rapports de pouvoir fondés sur la force. Elle invite à réfléchir aux notions de justice, de pouvoir et de moralité, mettant en tension la force brute avec les principes éthiques qui régissent les relations humaines.

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Est-ce par crainte que l’on obéit aux lois ?

La problématique philosophique de l’obéissance aux lois alimente le débat sur les motivations humaines. Cette dissertation questionnera s’il est la peur, l’élément premier régissant notre soumission aux législations existantes. Une thématique épineuse, retraçant les méandres de la conscience morale.

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Est-ce à la justice de dire où est le mal ?

La question de départager le bien et le mal est un débat vieux comme la philosophie elle-même. Ce dilemme, « Est-ce à la justice de dire où est le mal ? », révèle l’interaction entre les notions éthiques et juridiques, concept central à notre coexistence sociale.

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Appliquer des lois justes suffit-il pour assurer la justice ?

La question de savoir si l’application de lois justes est suffisante pour assurer la justice est à la fois complexe et délicate. Il s’agit donc, ici, d’analyser la relation entre légalité, équité et justice sociale.

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Comment décider qu’un acte est juste ?

La décision de juger un acte comme juste soulève des interrogations philosophiques profondes. Cette dissertation introspective se concentre sur les multiples prismes selon lesquels on peut évaluer la rectitude d’une action, en considérant différents courants philosophiques et éthiques.

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Défendre ses droits, est-ce la même chose que défendre ses intérêts ?

La dissertation à propos de la défense de ses droits et de ses intérêts soulève un débat crucial : est-ce que défendre ses droits signifie nécessairement défendre ses intérêts ? Cette question met en lumière l’interrelation entre droits individuels et intérêts personnels.

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Assurer la sécurité, est-ce le but de la loi ?

La loi, pierre angulaire de toute société civilisée, assure-t-elle véritablement notre sécurité ? Sa finalité première est-elle la protection de l’individu au détriment parfois de sa liberté ? Décortiquons ces questions intrinsèquement liées à notre conception de la justice.

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A quoi reconnaît-on un jugement vrai ?

Le questionnement sur la reconnaissance d’un jugement vrai est au cœur des débats philosophiques. Cette dissertation analysera les critères de vérité, définis par différents penseurs, pour apporter des réponses à ce sujet complexe et essentiel.

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L’État peut-il être juste ?

La question de la justice de l’État est un sujet de débat philosophique complexe et controversé. Ce sujet nous invite à réfléchir sur la nature de l’État, son rôle et ses limites, ainsi que sur la notion de justice elle-même.

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Une société peut-elle se passer d’Etat ?

La question de l’existence de l’Etat au sein d’une société suscite de nombreux débats philosophiques. Cette dissertation se penchera sur la possibilité pour une société de fonctionner sans la présence d’un Etat, en analysant divers arguments et perspectives.

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Vouloir la paix, est-ce vouloir la justice ?

La dissertation philosophique qui suit se penche sur la question de savoir si le désir de paix est intrinsèquement lié à la quête de justice. Nous analyserons les différentes perspectives et implications de cette interrelation complexe.

Groupe de personnes, représentant les autres

Peut-on être juste avec les autres sans les aimer ?

La dissertation philosophique qui suit se penche sur la question de savoir si l’on peut être juste envers autrui sans éprouver d’affection pour lui. Cette interrogation soulève des problématiques essentielles sur la nature de la justice et de l’amour.

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L’égalité est-elle nécessairement juste ?

La question de l’égalité et de sa justice est un sujet complexe et délicat. Cette dissertation philosophique se propose d’analyser cette problématique, en questionnant les notions d’égalité et de justice, et en examinant leurs interrelations.

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Peut-on apprendre â être juste ?

La question « Peut-on apprendre à être juste ? » soulève des interrogations fondamentales sur la nature de la justice, l’éducation morale et la capacité humaine à changer. Cette dissertation philosophique explorera ces thèmes en s’appuyant sur diverses perspectives philosophiques.

la justice et la balance du juste

Y a-t-il une justice en dehors du droit ?

La question de l’existence d’une justice indépendante du droit est un sujet complexe et controversé. Cette dissertation philosophique explorera les différentes perspectives sur cette question, en examinant les arguments pour et contre l’existence d’une justice en dehors du cadre juridique.

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Exemples de sujets de dissertation en Philosophie sur la justice

La justice est l'un des thèmes centraux du programme de philosophie de terminale. La vie en société impose en effet de se questionner non seulement sur l'origine et sur la mise en place « technique » de la communauté humaine, mais également sur les valeurs et les normes que reflète cette forme de vie. La justice est également une notion complexe, puisqu'elle peut poser des questions techniques intéressant les magistrats, les avocats, les législateurs, mais qu'elle concerne aussi un grand nombre de situations qui interpellent tous les individus. Réfléchir philosophiquement à la justice, c'est donc s'intéresser à l'amélioration de la vie en commun, mais également se questionner sur sa propre conduite vis-à-vis des autres, des lois et des institutions, questionnement dont le citoyen éclairé ne peut faire l'économie.

Exemples de sujets de dissertation en Philosophie sur la justice

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Sujet 1 - Y a-t-il un droit du plus fort ?

On peut être tenté de croire que le monde humain, comme le monde de certains animaux, est structuré par des rapports de force : les forts imposent leur loi par la violence ou la menace, les faibles obéissent par crainte. Nous le savons trop bien, notre monde ressemble parfois à ces jeux de pouvoir. Mais si le fort peut imposer sa loi, en a-t-il pour autant le droit  ? Le sujet invite à explorer ce qui justifie la domination de ceux qui sont au pouvoir, pour peut-être découvrir avec Rousseau que le droit du plus fort est une expression fondamentalement contradictoire ( Le contrat social ).

Sujet 2 - Être juste, est-ce obéir aux lois ?

Lorsqu'on vit dans une société civile, il peut être tentant de croire que le respect scrupuleux des lois édictées par le législateur fait de nous une bonne personne. Mais si la justice est la recherche du rapport adéquat à mes semblables, est-il certain que la loi est toujours le meilleur guide pour savoir comment me comporter avec les autres ? N'y a-t-il pas des cas où être juste, c'est prendre le risque de désobéir aux lois pour suivre son sentiment intime de la justice ?

Sujet 3 - Qu'est-ce qu'une loi injuste ?

«  Loiinjuste  » semble être une contradiction dans les termes. Quel est en effet le but des lois, sinon de faire régner la justice là où auparavant était l'injustice ? Pourtant, nous savons que tous les législateurs ne veulent pas le bien de leurs concitoyens, et que des lois peuvent être mauvaises parce qu'elles sont mal faites, ou édictées par des personnes malveillantes. Mais sur la base de quel critère peut-on dire qu'une loi est injuste, alors que c'est précisément le rôle des lois, semble-t-il, de nous dire ce qui est juste ?

Sujet 4 - Une société juste peut-elle accepter les inégalités ?

Depuis longtemps, les philosophes cherchent à penser une société idéale, constatant que les sociétés réelles sont perfectibles, et ne tiennent pas toutes leurs promesses. Mais une société idéale est-elle une société où règne l'égalité, comme on le pense souvent spontanément ? Pourtant, si Thomas More, dans son Utopie envisage de faire participer tout le monde au travail, il ne se soucie pas outre mesure de l'égalité entre hommes et femmes. De même, Platon, lorsqu'il brosse le portrait de la Cité Idéale dans la République , assume qu'elle soit une société inégale. Les inégalités sont-elles une entorse à la justice, ou bien y a-t-il des inégalités souhaitables qu'on peut tolérer, voire rechercher, comme le pensait John Rawls ?

Sujet  5 - Peut-on tout pardonner ?

Le pardon semble être une valeur importante pour les êtres humains, et se présente de plus comme une nécessité pour vivre en société, car il serait impossible de vivre ensemble en se tenant rancune de chaque vexation, injure ou faute. Le pardon peut même sembler une marque de supériorité, comme Corneille le montre avec force dans Cinna . Mais n'y a-t-il pas des crimes que l'horreur rend imprescriptibles, donc impardonnables, comme le suggère Jankélévitch  ? Doit-on accepter de pardonner aux criminels de guerre et aux monstres, au risque peut-être de brouiller la frontière entre des crimes de gravité très différente ?

Sujet 6 - Obéir aux lois, est-ce renoncer à sa liberté ?

La loi se présente d'abord à l'individu comme une contrainte : tu ne dois pas faire cela, même si tu en as envie. La loi semble mettre une limite à ma liberté, en m'interdisant d'aller jusqu'au bout de celle-ci. Au point que l'on peut être tenté, avec l'anarchiste Stirner , de revendiquer que l'on a le droit de faire tout ce qu'on peut, et qu'on ne doit pas accepter de limite à sa liberté. Mais n'est pas au risque, comme le craignait Hobbes dans son Léviathan , de promouvoir une société du pied de guerre permanent, de la lutte de chacun contre chacun ? N'est-ce pas au contraire dans le cadre sûr instauré par les lois que s'expérimente la véritable liberté ?

Sujet 7 - Le droit n'est-il qu'un rapport de force ?

Nous l'avons vu plus haut, le rapport de force semble s'opposer à la justice, parce que le fort n'a pas forcément la légitimité de s'imposer. Mais une question plus troublante peut alors surgir : n'est-il pas possible que les lois soient en fait des outils de domination pour les puissants, qui pourraient par leur entremise imposer leurs propres intérêts en les faisant passer pour quelque chose de juste ? Ce risque, c'est que la justice ne soit qu'une force déguisée en justice pour paraître plus respectable, comme le craignait Pascal dans ses Pensées .

Sujet 8 - La violence peut-elle être légitime ?

Spontanément, la violence nous semble être une injustice, et ce serait le rôle de la justice de nous protéger d'elle. Mais non seulement peut-on observer que la justice elle-même peut faillir à sa mission en nous violentant injustement, comme dans le cas de violences policières excessives, mais encore pouvons-nous observer que la justice n'est rien sans l'usage de la violence, ou au moins, de la menace de la violence. Faut-il penser avec Weber que c'est l'État qui détient le monopole de la violence légitime ?

Sujet 9 - Sommes-nous justes par intérêt ?

Il semble à première vue que la justice réclame de nous d'être désintéressés : être juste, c'est agir conformément à la justice, peu importe si c'est à mon avantage ou à mon désavantage. Mais on peut en réalité douter que les hommes soient capables d'un tel désintéressement. N'est-ce pas finalement par lâcheté que nous agissons justement, parce que nous craignons la sanction sociale et la désapprobation des autres ? Si nous pouvions échapper aux conséquences de nos actes, serions-nous vraiment prêts à être juste de façon désintéressée, comme le demande cyniquement Thrasymaque dans la République de Platon ?

Sujet 10 - Existe-t-il un droit naturel ?

Quiconque voyage se rend rapidement compte que les lois, supposées être justes, donc universellement valables, varient en effet en fonction des pays. La même variation se constate dans le temps à travers l'Histoire, au point qu'on puisse se scandaliser, avec Pascal , que la justice change à ce point de visage quand on passe une frontière. Pour résoudre ce scandale, on peut être tenté de rechercher des règles de justice qui ne varieraient pas, et qui seraient tellement valables qu'elles devraient être partout et tout le temps acceptées. Mais un tel droit naturel existe-t-il ?  

Sources : - Pierre CORNEILLE, Cinna. - Thomas HOBBES, Léviathan. - Vladimir JANKELEVITCH, L'imprescriptible. - Thomas MORE, Utopie. - Blaise PASCAL, Pensées. - PLATON, République. - John RAWLS, Théorie de la justice. - Jean-Jacques ROUSSEAU, Contrat social. - Max STIRNER, L'unique et sa propriété. - Max WEBER, Le savant et le politique.

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La Justice en Philosophie

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Définition de la Justice en philosophie

La justice est au coeur des débats depuis l’aube de la philosophie. Platon , déjà, plaçait la justice au centre de la République , son ouvrage majeur.

De manière générale, la justice désigne la conformité avec le droit, le sentiment d’équité. On peut distinguer trois types de justice :

  • la justice-idée : elle désigne la norme du droit, la notion de ce qui est dû
  • la justice-devoir : elle désigne la vertu par laquelle on respecte les droits des personnes en tant qu’elles sont considérées comme égales
  • la justice-institution : ensemble des organisations ou personnes appliquant le droit

Pour les philosophes, la justice est le but de toute politique, dans la mesure où elle vise à établir une égalité véritable et anonyme, qui ne tient compte ni de la situation sociale ni de la personnalité des individus.

Justice et égalité

L’exigence d’égalité.

C’est souvent lorsqu’on est soi-même victime d’injustice qu’on se souci le plus de savoir ce qu’est la justice : l’lorsqu’à travail égal, les salaires sont inégaux, qu’un héritage est inégalement réparti ou que les auteurs d’un même délit se voient infliger des peines différentes. Dans chacun de ces exemples, l’injustice prend la forme d’une inégalité dans la répartition des biens et des peines. La justice devrait donc logiquement pouvoir se définir par l’égalité. D’ailleurs, c’est bien une stricte égalité qu’indiquent les plateaux de la balance, symbole de la justice. Mais il est difficile de déterminer ce qu’est une égalité juste, car il ne suffit pas d’attribuer des parts égales à chacun : l’un peut mériter plus que l’autre, ou être davantage dans le besoin.

Par quelle égalité faut-il donc définir la justice ? Les mêmes biens pour tous ? A chacun selon ses besoins ? A chacun selon son mérite ? L’exigence de l’égalité ou de l’équité, doit parfois prendre en considération les différences qui existent, de fait entre les individus. Mais d’un autre côté, la justice suppose aussi un traitement égal pour tous, en dépit des différences de chacun. On voit qu’il faudrait pouvoir se référer à une norme qui préciserait quels sont les droits et devoirs de chacun. Mais comment définir une telle norme qui puisse valoir pour tous ?

Egalité de droit, égalité en droit

Personne ne soutiendrait que tous les hommes sont égaux dans les faits. Aux inégalités naturelles (inégalités de force, de santé, d’aptitudes) s’ajoutent en effet, des inégalités d’origine sociale. L’institution de l’héritage introduit dès le départ des inégalités renforcées parfois par le système de castes, lorsque les individus ne peuvent pas sortir de la caste dans laquelle il sont nés.

Mais la justice exige que les hommes soient égaux en droit, c’est à dire que malgré leur diversité, ils aient droit à une égale reconnaissance de leur dignité humaine, au respect exigible par toute personne raisonnable. Ce principe de l’égalité des personnes fonde en démocratie l’égalité civile : il s’agit d’imposer à tous les citoyens quel qu’ils soient, un même système de droits et d’obligations. Egaux en droit, les hommes sont aussi égaux en droits : homme ou femme, riche ou pauvre, chaque citoyen a le droit de vote, a le droit de présenter sa candidature à un poste de la fonction publique. Cette égalité devant la loi est affirmée en France par La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen  (1789), qui récuse toutes les distinctions qui ne serait pas fondées sur l’utilité commune. Encore faudrait-il que l’inégalité des conditions ne remette pas en question l’inégalité des droits. Que signifierait, en effet, un droit aux soins médicaux auxquels les plus pauvres n’auraient pas accès ? La justice exige non seulement que les mêmes chances soient données à tous, mais que les inégalités sociales et économiques soient dans la mesure du possible atténuées : les plus riche payeront davantage d’impôts ; les plus pauvres seront aidés par l’Etat.

Les trois formes de justice

Selon Aristote , il existe trois formes de justice : la justice commutative, qui préside aux échanges et aux contrats, repose sur l’égalité arithmétique. Un échange est juste lorsque les services ou les biens échangés ont strictement la même valeur. La justice distributive, qui s’applique à la répartition des biens et des honneurs au sein de la cité. Cette répartition est proportionnelle aux qualités de chacun, ou aux services rendus. Ici l’égalité n’est plus arithmétique, mais géométrique : le général est d’autant plus récompensé qu’il remporte de plus nombreuses et de plus grandes victoire. La justice rectificative ou corrective, qui proportionne les sanctions à la gravité de la faute. Sous sa forme primitive, elle fait subir au coupable le sort qu’il a lui même fait subir à sa victime. C’est la loi du talion ou “œil pour œil, dent pour dent”. Une justice plus évoluée tient compte des intentions du coupable et proportionne la punition à la mauvaise volonté de celui-ci, plutôt, qu’à la gravité de son acte.

Fichier:Gandolfi - Allegory of Justice.jpg — Wikipédia

Droit positif et droit naturel

Les commandements de la raison.

Le droit, c’est ce qui est permis par une règle. Encore faut-il distinguer la règle morale, intérieure à la conscience, et la règle sociale, imposée par la collectivité à tous les membres du groupe sous forme de loi écrites ou de coutume. Idéalement, le “droit positif” c’est à dire l’ensemble des règles (lois, usages, coutumes) en vigueur dans une société, devrait être la traduction pure et simple du “droit naturel”, de ce que la conscience humaine ou la raison reconnaît comme moralement fondé.

Montesquieu, bien qu’il soit très attentif à la diversité des coutumes et des institution humaines, pense que le droit positif doit être l’application du droit naturel, c’est à dire de principes rationnels et universels, adaptés aux conditions particulières de chaque pays : “La loi en général, est la raison humaine, en tant qu’elle gouverne tous les peuples de la terre ; et les lois politiques et civiles de chaque nation ne doivent être que les cas particuliers où s’applique cette raison humaine”, écrit Montesquieu dans l’ Esprit des lois. Est ainsi affirmée, contre ceux qui dénoncent la diversité des conceptions du juste et de l’injuste, la rationalité essentielle de la loi.

Le droit a une histoire

Cependant, le droit positif n’est jamais le décret d’une raison pure désincarnée. Il est plutôt le fruit d’une longue suite d’évènements et de conditions historiques déterminées. Droit coutumier, puis écrit, il change au gré des péripéties de l’histoire. Notre système juridique conserve ainsi des traces du droit romain et du droit féodal. S’il reflète encore les grandes réformes napoléoniennes, il s’est ensuite modifié sur bien des points aux XIXème et XXème siècles.

La définition du droit ne saurait précéder la construction d’une réalité sociale. C’est donc la société qui est première, et le droit peut être conçu comme le système des régulations qui tend spontanément à s’imposer dans l’organisme collectif. Chaque société a ses règlements : droit civil, droit commercial, droit pénal, etc… Il semble difficile de déduire toutes ces lois et tous ces codes de la conscience morale subjective ou de la raison pure.

Légalité et légitimité

C’est pourquoi l’idée d’un “droit naturel” qui précèderait et transcenderait l’organisation collective a pu passer pour une chimère métaphysique. Mais cette critique du droit naturel, pour répandue qu’elle soit parmi les juristes et les sociologues, est elle même critiquable. Nier le droit naturel, c’est nier cette exigence de justice qui est inscrite au cœur de la conscience humaine. Il n’est que trop vrai que le système des lois écrites n’est jamais purement rationnel. Mais précisément au nom du droit naturel, au nom des lois “non écrites” qui inspirent la conscience universelle, il est possible – et même souhaitable- de remettre en question certains aspect du droit positif pour faire évoluer celui-ci dans le sens d’une plus grande justice.

On ne peut que louer, bien sûr, le comportement d’un homme qui observerait scrupuleusement les lois de son pays. Il arrive pourtant que les lois promulguées par les hommes soient injustes, notamment lorsque ces hommes se servent du droit positif pour asseoir une tyrannie ou légaliser une oppression illégitime d’une minorité ethnique ou religieuse. Quelle doit alors être l’attitude du juste ? Si le respect de la justice comme valeur l’emporte sur celui de la justice comme institution, alors il doit en toute logique désobéir aux lois qui sont injustes. Il affirme alors l’idée d’une norme supérieure de la justice, à l’aune de laquelle chacun peut mesurer la justice légale ou positive. Dans l’ Antigone de Sophocle, le roi Créon est juste en ce qu’il fait respecter les lois de la cité qu’il gouverne ; mais la raison est du côté d’Antigone, qui nous dit que tout homme a droit à une sépulture décente, quelle que soit la gravité de son forfait.

Les gros poissons mangent les petits

La garantie de la justice : la force ou le droit ?

Un “droit du plus fort” .

Y a-t-il un droit du plus fort ? Certains pensent que les règles juridiques expriment l’équilibre des forces en présence dans la société, plutôt que des exigences éthiques. Dans Aurore , Nietzsche définit nos droits comme “des degrés de puissance reconnus et garantis”. Le droit ne serait alors que la traduction de la force. Telle est la thèse que développe le sophiste Calliclès dans le Gorgias de Platon, contre Socrate qui affirme qu’il n’existe point de bonheur pour le tyran puisque celui-ci est injuste. Calliclès répond que la justice est toujours du côté du plus fort, mais il distingue deux ordres opposés : la nature et la loi positive.

La nature, dit Calliclès, est gouvernée par la loi du plus fort, que l’on peut appeler familièrement “la loi de la jungle”. En vertu de cette loi, il appartient au plus fort de dominer partout le plus faible : les gros poissons mangent les petits, et les êtes affaiblis, ou malades sont appelés à être dévorés par leurs prédateurs. C’est cette même loi, pense Calliclès, qui devrait régir les rapports entre les hommes. Pour lui, il est juste que le plus fort s’élève au-dessus des autres, car son droit n’a d’autre limite que son pouvoir et son bon plaisir. Cependant, les hommes faibles, pour se protéger de la domination  naturelle des forts ont inventé la loi positive, laquelle s’opposent en tout point à la loi naturelle. En effet, d’après la justice conventionnelle des hommes, il est bon, au contraire, de réprimer ses passions et de ne pas chercher à avoir plus que les autres. Ainsi, le juste et l’injuste s’inversent quand on passe de l’ordre naturel à l’ordre politique. Mais peut-on ainsi fonder le droit sur la force ?

La force ne fait pas droit

La force fait-elle vraiment le droit ? Rousseau réfute dans le Contrat social , la thèse qui identifie le droit à la force. “Qu’est ce qu’un droit qui périt quand la force cesse ?” demande-t-il à propos d’un prétendu “droit du plus fort”. “Ce mot de droit n’ajoute rien à la force ; il ne signifie rien du tout.” Affirmer que la puissance fonde la légitimité, c’est confondre en effet le domaine du fait (ce qui est) et le domaine du droit (ce qui doit être). Or, ce n’est pas parce que l’esclavage existe qu’il est juste par exemple. Et un crime reste un crime, même s’il demeure impuni.

En outre, se soumettre à la force est un acte de nécessité ; obéir à la justice est un acte de volonté. C’est un devoir d’obéir à la justice, tandis que céder à la force n’est qu’une maxime de la simple prudence. Les tyrans l’ont bien compris et cherchent toujours à masquer la force brutale sous des prétextes honorables. Car la force nue est sans pouvoir sur les consciences. Pour régner durablement, la force a tout intérêt à se faire passer pour le droit. L’hypocrisie des propagandes est d’une certaine façon, l’hommage que la force brutale rend au droit.

Pour résumer

La justice est la justesse en matière de morale. A la spontanéité égoïste qui fait que chacun réclame tout pour soi, la justice substitue une raison quasi mathématique, qui dit : “A chacun la part qui lui revient”. La justice, c’est l’égalité des personnes devant la loi. Riches ou pauvres, les citoyens ont les mêmes droits, les mêmes devoirs. Cependant, lorsqu’il s’agit d’infliger une punition, l’équité exige que l’on prenne en considération les intentions du coupable, et pas seulement l’importance des dommages qu’il a causé. Idéalement, le droit positif, ou l’ensemble des règles de conduite établies par le législateur, ne devrait être que l’expression du droit naturel ; ce que la raison universelle reconnaît légitime. Cependant le droit positif évolue au gré des péripéties de l’histoire. Dans ces conditions, le droit naturel représente plutôt la fonction critique de la raison, qui met en question le droit positif et demande, au nom de la justice, sa rectification. Ainsi, contre Hobbes qui a fait de la force l’unique mesure du droit, Rousseau affirme l’essence morale du droit : céder à la force n’est nullement un devoir ; ce n’est qu’aux “puissances légitimes” qu’on est tenu d’obéir.

Citations sur la justice :

– Platon : “L’homme juste établit un ordre intérieur, il harmonise les trois parties (raison, colère, désir) de son âme absolument comme les trois termes de l’échelle musicale” ( La République )

– Aristote : “Ce qui est juste est quelque chose d’égal” (Ethique à Eudème)

– Spinoza : “La justice est une disposition constante de l’âme à attribuer à chacun ce qui d’après le droit civil lui revient” (Traité théologico-politique)

– Proudhon : “Justice est le produit de cette faculté de sentir sa dignité dans la personne de son semblable comme dans sa propre personne : c’est le respect, spontanément éprouvé et réciproquement garanti, de la dignité humaine, en quelque personne et dans quelque circonstance qu’elle se trouve compromise, et à quelque risque que nous expose sa défense” (De la justice dans la révolution et dans l’Eglise)

– Kant : “Le juste ou l’injuste est en général un fait conforme ou non-conforme au devoir” ( Métaphysique des Moeurs )

– Kant : “Ce qui est conforme aux lois extérieures s’appelle juste, et ce qui ne l’est pas, injuste” ( Métaphysique des Moeurs )

– Alain : “La justice, c’est l’égalité. Je n’entends point par là une chimère, qui sera peut-être quelque jour : j’entends ce rapport que n’importe quel échange juste établit aussitôt entre le fort et le faible, entre le savant et l’ignorant, et qui consiste en ceci, que, par un échange plus profond et entièrement généreux, le fort et le savant veut supposer dans l’autre une force et une science égale à la sienne, se faisant ainsi conseiller, juge et redresseur”

Justice commutative :

La justice commutative est la justice qui règle les échanges économiques selon le principe de l’égalité de proportion en ce qui concerne les choses échangées.

Justice distributive :

C’est la justice qui répartit les honneurs, les richesses selon les mérites, ou besoins (chez Marx) de chacun.

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10 Comments

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Pour les intéressés,un sujet à traiter: “La justice a-t-elle des compromis?”

  • Ping : Citations de Rawls

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bon à savoir

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salut, avec votre permission je voudrais avoir la bibliographie de cette publication. particulierement les ouvrages dans lesquelles Proudhon et Alain interviennent sur la question de la justice.

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vraiment interessant! le rapport droit&philo est perçu

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J ai une dissertation à faire sur ” la justice n’est elle qu’un idéal?” Si vous pourriez m’éclairer ça serait cool parce que je sais pas quoi dire

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La juste est tout d abord ce qui est droit. La juste n est point ce qui est injuste donc elle ne peut etre compromis c est pour cette raison que kant affirme 《ce qui est juste ou injuste est general un fait conforme ou non conforme au devoir》

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La justice ! Ce service auquel on n’aurait recours que par nécessité.

Je souhaiterais avoir un éclairage sur ces différentes distinctions : Justice divine, justice éthique, justice des philosophes, justice des pouvoirs publics (ou justice politique), et justice des tribunaux, etc

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