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Clio Lycée > Annales du Bac HGGSP – Faire la guerre, faire la paix

Annales du Bac HGGSP – Faire la guerre, faire la paix

Faire la guerre, faire la paix : formes de conflits et modes de résolution.

Deborah Caquet |  Mar 20, 2023 |  Annales Bac HGGSP , Thème 2 – Faire la guerre, faire la paix : formes de conflits et modes de résolution |  0 | 

Annales du Bac HGGSP – Faire la guerre, faire la paix

Quand on veut bien préparer ses élèves, rien de tel que de reprendre les sujets de l’examen… Vous trouverez ici les annales des années précédentes, classées par thème.

Dissertations sur guerre et paix

  • Faire la paix depuis le XVIIe siècle : réussites et limites. Centres étrangers Afrique, jour 1 (2024)
  • Les guerres sont-elles toutes irrégulières depuis 1991 ? Asie, jour 2 (2024)
  • Quelle place pour les armées régulières dans les conflits depuis l’époque de Clausewitz ? Amérique du Nord, jour 1 (2024)
  • Ruptures et continuités des formes de la guerre depuis la fin du XXe siècle.  Métropole, jour 1 (2023). Le corrigé des Clionautes est disponible. 
  • La guerre du XVIIIe siècle à nos jours : diversification des acteurs et de leurs motivations. Centres étrangers, Afrique, jour 1 (2023). 
  • La pensée clausewitzienne permet-elle de comprendre les conflits contemporains (à partir des années 1990) ?  Polynésie, jour 1 (2023) .
  • La diplomatie et le défi de la construction de la paix depuis 1648. Asie, jour 2 (2023).  
  • Le Moyen-Orient depuis 1948, formes de conflits et tentatives de résolution.  Asie, jour 1 (2023). 
  • Le modèle de Clausewitz et les conflits du XXIe siècle. La Réunion, jour 1 (2023). 
  • Existe-t-il toujours un schéma « classique » de la guerre, tel que l’avait pensé Clausewitz ? Amérique du Sud, jour 1 (2022)
  • La guerre : un affrontement armé entre États ? Amérique du Sud, jour 2 (2022).
  • Les guerres irrégulières, de la guérilla au terrorisme. Asie, jour 2 (2022).
  • Justifiez et nuancez l’affirmation suivantes : « les guerres sont la continuation de la politique par d’autres moyens ». Centres étrangers, Afrique, jour 2 (2022). 
  • Le Moyen-Orient depuis 1948, une paix impossible ? Mayotte-Liban, Jour 2 (2022) . 
  • Les nouvelles formes et logiques de la guerre au XXIe siècle. Métropole, Jour 2 (2022).
  • Les remises en cause des formes traditionnelles de la guerre depuis les années 1990. Métropole, sujet de remplacement, jour 2 (2022).
  • Pourquoi la construction de la paix constitue-t-elle un défi et se confronte-t-elle à de multiples difficultés depuis la signature des traités de Westphalie ?  Amérique du Nord, Jour 1 (2021). 
  • La dimension politique de la guerre, évolutions et ruptures du XVIIIe à nos jours.  Asie, jour 2 (2021).
  • Quels rôles jouent les acteurs internationaux (étatiques ou non) dans les conflits et les tentatives d’établir la paix au Moyen-Orient ?  Centres étrangers. Afrique, Jour 1 (2021)
  • Quels sont les moyens pour construire la paix depuis 1648 ?  Métropole, candidat libre, jour 1 (2021). 
  • Pourquoi la paix est-elle difficile à établir au Moyen-Orient depuis 1948 ?  Métropole, candidat libre, jour 2 (2021). 
  • Les formes de la guerre du XVIIIe siècle à nos jours. Métropole, sujet de remplacement (2021).  

Études critiques de document sur guerre et paix

L’évolution des formes de la guerre dans le monde (asie, jour 1, 2024).

En analysant les documents, en les confrontant et en vous appuyant sur vos connaissances, montrez que les guerres contemporaines peuvent prendre des formes différentes.

Document 1 :

« Le concept de guerre hybride a été formé en 2005 par le général James Matthis et le colonel Franck Hoffman dans un article (« Future Warfare : the Rise of Hybrid Wars » 1 ) publié dans la revue Proceedings . Le contexte de publication n’est pas anodin. L’armée américaine est alors empêtrée dans l’affaire irakienne : la guerre est officiellement terminée en 2003 après quelques semaines de combats, mais le chaos sur place oblige à maintenir des troupes jusqu’en 2014 ; les autorités militaires tentent alors de donner à la situation un cadre théorique. C’est donc à l’aune de cette situation, à mi-chemin entre guerre et pacification, que le terme « hybridité » apparaît, afin de caractériser « la combinaison d’approches inédites – une fusion de différents modes et moyens de guerre ». Un schéma que les affrontements entre Israël et le Hezbollah 2 , en 2006, confirment. […] Le concept se définit d’abord par des modes d’action (comme le terrorisme) et des acteurs irréguliers (milice politique ou mercenaires par exemple), devenus effectivement récurrents. Deuxième caractéristique : une temporalité longue, qui voit la transition entre un état de tension armée (ou de basse intensité) et une guerre de haute intensité – ainsi du conflit dans le Donbass 3 à la guerre en Ukraine. Troisième point : le conflit reste sous le seuil nucléaire. Ce concept est dès lors décliné dans toutes les grandes armées, sous des vocables variés, de la guerre « multi-champs et multi-domaines » européenne à la guerre « non linéaire » ou « intégrale » […]. Un consensus s’instaure autour de l’idée qu’une guerre ne se gagne pas seulement avec des moyens militaires réguliers, peut-être aussi en écho au débat engagé par la publication en 1999 d’un essai chinois sur la « guerre hors limites », qui postulait déjà un champ de bataille « hors limites » associant aux moyens militaires des moyens économiques, écologiques et juridiques. En 2013, la France, dans son Livre blanc sur la Défense et la Sécurité nationale, évoque des « menaces hybrides » , une notion définie deux ans plus tard par le Centre interarmées de concepts, de doctrines et d’expérimentations (CICDE) comme « une forme ambigüe d’affrontements, combinant des actions militaires conventionnelles et non conventionnelles, ainsi que des actions non militaires fondées sur une stratégie de déstabilisation de l’adversaire par l’usage de leviers variés et complémentaires » . La définition insiste notamment sur les actions d’influence, les outils psychologiques et les possibilités offensives offertes par le cyberespace […]. La nouveauté est séduisante, notamment dans les affaires militaires, où elle participe de la victoire : on doit cependant questionner cette appellation au crible de l’histoire, en gardant en mémoire la formule de Clausewitz qui comparait la guerre à un caméléon […]. » Source : Gilles Ferragu, « Les nouvelles règles de la guerre ? », L’Histoire , n°504, février 2023, pp. 52-57. 1  Les conflits futurs, l’avènement des guerres hybrides ». 2 Organisation terroriste libanaise. 3 Région ukrainienne disputée par la Russie depuis un conflit en 2014.

Document 2 :

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La guerre et ses évolutions (Centres étrangers, Afrique, jour 2, 2023)

Vous interrogerez les ruptures et continuités dans la manière de faire la guerre depuis le XVIIIe siècle.

Face à des États disposant d’outils de défense et de sécurité puissants, mais dont les populations sont sensibles au risque, le terrorisme est devenu un mode d’action auquel ont recours des adversaires qui s’affranchissent des règles de la guerre conventionnelle pour compenser l’insuffisance de leurs moyens et atteindre leurs objectifs politiques. Frappant sans discernement des civils, la violence qu’ils déploient vise d’abord à tirer parti des effets que son irruption brutale produit sur les opinions publiques pour contraindre des gouvernements. La couverture immédiate et globale dont ces agressions sont l’objet assure leur retentissement auprès de la population des États visés, voire du monde entier. La publicité qui leur est ainsi donnée concourt de surcroît à entretenir le phénomène terroriste. Elle favorise en effet l’auto-radicalisation d’individus isolés qu’attire la perspective d’avoir, par leurs actions, un impact global à la mesure du ressentiment qui les habite. Le rôle d’Internet doit à cet égard être souligné : il permet à ces individus de rejoindre des communautés virtuelles dans lesquelles ils peuvent se retrouver et offre ainsi à des organisations terroristes un canal efficace de recrutement. Plus de dix ans après les attentats du 11 septembre et malgré les progrès importants de la lutte anti-terroriste conduite au niveau mondial, le niveau de la menace demeure très élevé. L’action systématique des États-Unis et de leurs alliés contre Al-Qaïda a obtenu des résultats substantiels, avec la disparition d’Oussama Ben Laden et l’affaiblissement du mouvement qu’il avait créé. Malgré l’impact médiatique qu’elles engendrent à l’échelle mondiale, les actions terroristes n’ont pas eu les effets politiques espérés par leurs auteurs. Pour autant, il n’y a pas de signes que la menace terroriste pourrait décroître à court ou moyen terme et on observe que celle-ci évolue et se diffuse sur le plan géographique. Sur fond d’États fragiles ou faillis, des groupes terroristes sévissent dans des régions jusqu’alors préservées où ils parasitent des conflits locaux qu’ils tentent de radicaliser : zone sahélo-saharienne mais aussi nord du Nigeria, Somalie, Syrie, Irak, péninsule arabique et zone afghano-pakistanaise. Se réclamant d’Al-Qaïda, ils disposent d’une capacité opérationnelle indépendante et cherchent à avoir un impact global en visant directement les intérêts occidentaux. Ils peuvent inciter des individus radicalisés présents sur notre territoire à passer à l’acte et conjuguer leur action avec eux. Certains États pourraient en outre être tentés de recourir à nouveau à des modes d’action terroristes. Sur notre territoire même persiste la menace d’un terrorisme domestique susceptible de porter atteinte à la sécurité nationale. Les modes opératoires ont quant à eux évolué depuis 2008, en particulier dans le domaine des explosifs, dont l’acquisition ou la fabrication par des groupes ou des individus est facilitée par l’utilisation d’Internet et des technologies de l’information, ainsi que par le développement des trafics. Alors que les assassinats ciblés et les prises d’otages se sont multipliés, l’hypothèse, identifiée dans le précédent Livre blanc, d’une attaque terroriste majeure ne peut pas être exclue. Source : extrait du Livre blanc Défense et Sécurité nationale, 2013 Remarque : Le Livre blanc fixe la stratégie française de défense et de sécurité nationale.

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Les défis de la construction de la paix (Polynésie, jour 2, 2023)

Le candidat doit souligner les continuités et les ruptures entre le système westphalien et les tentatives de maintien de la paix de l’ONU sous les mandats de Kofi Annan (1997-2006).

La guerre de Trente Ans et les traités de Westphalie qui la concluent donnent naissance à une nouvelle pensée politique […]. Le temps des guerres de religion laisse place à celui des monarchies absolues. Le différend confessionnel* est peu à peu remplacé par l’idée du règlement civil des crises avec la recherche d’un statu quo entre les États […]. La guerre de Trente Ans marque aussi largement les esprits par sa violence débridée et  l’avènement d’une crise morale et spirituelle. La souffrance des populations civiles va de pair avec des pertes démographiques importantes […] : entre 1618 et 1648, l’Empire** perd [plus d’un] tiers de sa population totale (de 17 millions en 1618 à 10 millions en 1650) […]. La guerre de Trente Ans transforme donc les relations internationales en imposant deux éléments clés : l’équilibre des puissances et la négociation diplomatique. Cette pensée  s’articule autour de l’importance donnée au droit, à commencer par le droit des gens qui conditionne les relations entre les individus et l’État […]. Le choix de l’équilibre, de la mesure, se retrouve aussi sur l’échiquier européen où s’élabore un système juridique original qui définit la souveraineté nationale. Maîtres chez eux et à l’intérieur de leurs frontières, les États doivent en revanche accepter une forme d’égalité dans les relations qu’ils entretiennent les uns envers les autres. La norme qui s’établit invente une première forme de droit international. Paradoxalement, cela inaugure le règne des coalitions contre le plus puissant afin d’empêcher toute hégémonie trop prononcée. Guillaume Lasconjarias, « Guerre de Trente Ans : vers l’équilibre des puissances », Sciences Humaines , novembre-décembre 2018, pp. 64-67, extrait cité pp. 66-67. * « Différend confessionnel » : conflit religieux. ** Empire : il s’agit du Saint empire romain germanique.

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La dimension politique de la guerre (Amérique du Nord, jour 1, 2022)

En analysant le document et en vous appuyant sur vos connaissances, vous montrerez les différentes formes prises par les conflits interétatiques jusqu’aux guerres napoléoniennes.

Les traités de Westphalie de 1648 consacrent le triomphe de l’État territorial et mettent en place les conditions d’un ordre européen fondé sur l’équilibre des puissances. Forcément instable, régulé par la guerre quasi permanente et scandé par des traités de paix nécessairement éphémères, cet ordre n’en organisera par moins l’Europe jusqu’à son remplacement par un ordre inédit, fondé non pas sur l’équilibre des puissances, mais sur l’équilibre de la terreur. […] Un petit XVIIIe siècle, entre la paix d’Utrecht de 1713* et la Révolution française, marque l’apogée de l’État dans cette première modernité. […] C’est le temps de ce que j’appelle la guerre rationnelle, autrement dit un affrontement dépouillé de toute idéologie autre que la raison d’État. C’est la guerre théorisée par Carl von Clausewitz, qui reste un homme des Lumières. Ce n’est pas un hasard si le général prussien définit la guerre comme un duel dont la finalité est d’imposer sa volonté à l’adversaire, ni s’il y voit, définition célèbre entre toutes, la poursuite de la politique par d’autres moyens. […] C’est la forme de guerre la plus civilisée de l’histoire militaire : une affaire de professionnels qui appartiennent au même monde, parlent la même langue, et obéissent aux mêmes codes sociaux. […] Pourtant, Clausewitz a été le témoin et acteur du début de la deuxième ère guerrière, inaugurée par la Révolution française. Conséquence logique de la souveraineté populaire, la levée en masse marque le passage d’un ordre militaire à la nation en armes – et bouleverse le champ de bataille. On ne se bat plus pour le roi, mais pour la nation, idée abstraite qui permet à l’État, un État entendu comme la chose de tous, de mobiliser toutes les ressources humaines et matérielles du territoire qu’il contrôle. Clausewitz comprend cela. Il voit bien pourquoi les armées professionnelles d’Ancien Régime étaient incapables de « montrer aux extrêmes » et comment la massification des armées nationales permettait désormais de mener une guerre « absolue », autrement dit libérée de toute entrave et bénéficiant d’une mobilisation sans précédent des ressources humaines et matérielles de la nation. […] En effet, sous les yeux étonnés de l’Europe monarchique, la guerre vient de changer de nature. Elle devient un fait social total, […] et visera moins à établir un nouvel équilibre des puissances qu’à asseoir une domination définitive, ou du moins durable. Elle supposera la fusion entre le peuple et son armée. Et elle s’habillera désormais des oripeaux** de l’idéologie : nation, classe ou race. Élie BARNAVI, Dix thèses sur la guerre , Paris, Flammarion, 2014 * Le traité d’Utrecht met fin à la guerre de Succession d’Espagne, qui opposait depuis 1700 plusieurs grandes puissances européennes. ** Oripeaux : habits voyants et usés.

Violence et diversité des acteurs au Moyen-Orient (Asie, jour 1, 2022)

En analysant les documents, en les confrontant et en vous appuyant sur vos connaissances, répondez à la question suivante : Comment la diversité des acteurs contribue-t-elle à la permanence de la violence et de la guerre au Moyen-Orient ?

« Tout se passe comme si on avait, au Moyen-Orient, un répertoire de la diversité des formes de violence interne et internationale, avec une créativité sans égale. Cela vaut aussi bien pour la diversité des conflits que pour la galaxie des combattants et pour la convergence des multiples facteurs qui conduisent à la violence. D’autres régions ont pu connaître des dérives comparables, l’ex-Yougoslavie, par exemple, mais pas de façon aussi durable, répétitive, cumulative. Pour la diversité des formes de violence, sans prétendre à l’exhaustivité, peuvent être distingués les conflits entre États, les conflits interétatiques qui ont un impact extérieur, les interventions internationales, les actions meurtrières provenant d’entités non étatiques ou dirigées contre elles, voire contre des individus […]. La galaxie des combattants correspond à cette diversité […]. Aux armées régulières s’ajoutent la présence et l’action fréquente de milices, de forces paramilitaires curieusement dénommées « sociétés militaires privées » là où il ne s’agit que de mercenaires. On parle parfois de « privatisation » de la guerre là où il s’agit plutôt de gestion privée puisque ces groupes agissent à la demande et pour le compte d’États. Des forces spéciales interviennent souvent dans les conflits de façon semiclandestine. Les services de renseignement participent souvent de façon couverte aux diverses formes de violence, surtout pour la répression interne. De façon plus bénigne, les forces de la paix incarnées par les Casques bleus n’ont qu’un rôle tout à fait marginal, et la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL)* fait exception. Quant au terrorisme, il semble être une spécialité de la région, qui est en outre une grande exportatrice. Cette galaxie conduit à relativiser fortement la distinction entre militaires et civils, et même entre combattants et non combattants […]. S’il est une région qui démontre concrètement l’échec historique de la guerre, c’est bien le Moyen-Orient. Tout se passe en outre comme si les facteurs belligènes convergeaient. Lorsque des conflits se développent, ils découlent le plus souvent d’un ensemble complexe de motifs […]. Plus généralement, l’insécurité générale de la région est en elle-même un élément qui facilité le recours à la violence. » Source : Serge SUR, « Le Moyen-Orient, carrefour des extrêmes » Questions internationales , numéro 103-104, septembre-décembre 2020. [Serge SUR est rédacteur en chef de la revue Questions internationales.] * Force intérimaire des Nations Unies au Liban établie en mars 1978 par le Conseil de Sécurité pour s’interposer dans la guerre civile.

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Note : Le PKK, Parti des travailleurs du Kurdistan formé en 1978, est une organisation politique armée du peuple kurde considérée comme terroriste par une partie de la communauté internationale dont la Turquie.

Les représentations et les défis de la guerre (Centres étrangers, Afrique, jour 1, 2022)

En analysant les documents, en les confrontant et en vous appuyant sur vos connaissances, montrez comment la nature des conflits, leurs représentations et les défis qu’ils posent aux États ont évolué.

Le tableau « Napoléon Ier à la bataille de Wagram, 6 juillet 1809 » est une commande de Louis-Philippe au peintre Horace Vernet pour le Musée historique qu’il fonde à Versailles en 1837.

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Même s’il frappe indistinctement tous les régimes, le terrorisme global porte néanmoins aux démocraties un préjudice particulier en raison du lien entre le pouvoir et le peuple qui fonde ces régimes. Alors que dans le terrorisme territorialisé, l’attentat vise à faire plier le pouvoir en frappant le peuple, dans le terrorisme déterritorialisé, l’attentat vise plutôt à faire plier le peuple pour qu’il renonce lui-même à ses libertés et qu’il se précipite dans les bras du pouvoir. […] Le terrorisme déstabilise profondément les fragiles équilibres de la relation démocratique entre le peuple et le pouvoir. Il réveille des fantasmes de part et d’autre : un désir de protection absolue de la part du peuple, l’occasion d’une nouvelle emprise sur le peuple par le pouvoir. […] Le discours politique emploie la métaphore de la guerre mais sans véritablement la prendre au sérieux, ce qui l’expose à faire une piètre politique et une mauvaise sécurité. Mauvaise stratégie, car il ne comprend pas que le but de cette nouvelle forme de terrorisme n’est pas de conquérir positivement un territoire mais de le contrôler négativement en rendant à ses habitants la vie impossible, en transformant tout divertissement en moment spécialement anxiogène, en menaçant physiquement les participants du débat public et en grignotant peu à peu ces moments d’insouciance qui font le charme de la vie en société. D’un point de vue stratégique, le premier objectif est de maîtriser les règles d’engagement et de contraindre l’adversaire à se battre sur son terrain avec des armes que l’on a choisies. Le tout sécuritaire n’accorde-t-il pas aux terroristes cette première manche ? La seconde règle d’or de l’art militaire est de bien identifier ce que Clausewitz appelait le « centre de gravité » des forces de l’ennemi, celui autour duquel tourne tout le reste de sa puissance. Dans le cas du terrorisme global, ce centre de gravité n’est pas le soutien financier […], ni la clandestinité, ni la structuration de l’organisation terroriste qui ne sont que des avantages, certes importants mais pas déterminants. Le centre de gravité des combattants du djihad, c’est leur détermination à se battre, elle-même due à la grandeur de la cause embrassée et à la force de la camaraderie en leurs rangs. Les pays démocratiques sont à l’inverse handicapés par l’extrême inverse : la peur de la mort, la couardise et l’individualisme qui affaiblit le lien social. Cette volonté de se battre est insensible à la pression sociale, à l’attrait du bien-être, ni bien sûr à la menace qui est à l’inverse une marque de reconnaissance. […] Le terrorisme oblige les démocraties à surmonter une épreuve nouvelle en ce qu’elle recouvre à la fois une agression externe mais aussi une crise interne. Il les surprend à un moment où elles sont guettées par une sorte de fatigue. Les sociétés démocratiques craignent que leur ouverture et leur diversité ne les affaiblissent en les exposant anormalement au danger terroriste. C’est pourquoi elles sont tentées de renoncer à leurs principes au nom de leur sécurité physique : la peur et le désir de sécurité deviennent des sentiments impérieux, qui l’emportent sur tout autre, à commencer par l’aspiration à l’égalité et l’attachement à la liberté. Source : d’après Antoine Garapon (magistrat) et Michel Rosenfeld (professeur de droit), Démocraties sous stress. Les défis du terrorisme global , 2016

Les deux guerres du Golfe (1991 et 2003) et leurs prolongements (Mayotte-Liban, jour 1, 2022)

En analysant les documents, en les confrontant et en vous appuyant sur vos connaissances, vous montrerez comment les deux guerres du Golfe ont eu des répercussions sur la situation du Moyen-Orient.

Saddam Hussein, en 1990, n’avait pas compris qu’avec la chute du Mur, le monde avait changé. Il pensait que l’URSS allait le protéger de l’Amérique après son invasion du Koweït, et a payé cher cette erreur. Outre les coûts de la guerre perdue de 1991, l’Irak, en raison du lâchage soviétique, s’est vu infliger par les Nations Unies un régime de sanctions internationales d’une ampleur et d’une dureté encore inégalées à ce jour. Le 6 août 1990, quatre jours après l’invasion du Koweït, le Conseil de sécurité adopte, avec l’accord de ses cinq membres permanents, la résolution 661 instaurant un embargo généralisé sur toutes importations et exportations d’Irak, comme sur tous mouvements financiers. Elle prévoit toutefois une soupape de sûreté humanitaire avec la création d’un dispositif plus tard baptisé « pétrole contre nourriture », mais celui-ci ne se mettra en place qu’en 1996, en raison de la résistance irakienne. Après la libération du Koweït, la résolution 687, adoptée le 3 avril 1991, à nouveau avec l’accord des cinq membres permanents, lance un programme de recherche et de destruction de toutes armes atomiques, biologiques et chimiques, ainsi que des missiles d’une portée supérieure à cent cinquante kilomètres. Deux jours plus tard, la résolution 688 condamne la répression des populations civiles, notamment des Kurdes, et fonde le fameux « droit d’ingérence humanitaire ». Allant encore au-delà des décisions du Conseil de sécurité, les ÉtatsUnis, la Grande-Bretagne et la France mettent en place deux zones d’exclusion aérienne, l’une dans le nord, dès avril 1991 pour protéger les Kurdes, l’autre dans le Sud l’année suivante pour protéger les populations chiites. Au fil des années, le prix économique, social, sanitaire, payé par la population irakienne du fait de l’embargo soulève des interrogations croissantes de la part de l’opinion internationale. Les organisations humanitaires chiffrent en centaines de milliers les décès provoqués, notamment dans la population infantile. […] Entre temps, l’Irak, qui se plie difficilement aux contrôles internationaux prévus par la résolution 687, connaît en décembre 1998 une vague de frappes ciblées déclenchée par les États-Unis, en principe pour mettre à mal ses capacités de fabrication d’armes de destruction massive, mais surtout pour ébranler le régime. Celui-ci, malgré tout, tient toujours. Il faudra une nouvelle guerre, en 2003, pour le faire tomber. Source : François Nicoullaud, « La France, les sanctions, l’Iran », Questions internationales , n°61-62, mai-août 2013. [François Nicoullaud a été ambassadeur de France en Iran de 2001 à 2005.]

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Dessin de presse intitulé « Iraq Jihadists » (traduction : djihadistes irakiens)

Traduction « Iraq War » : Guerre d’Irak

* Quotidien régional fondé en 1873 et diffusé dans la région de Buffalo (État de New York).

** En juin 2014, « l’État islamique en Irak et au Levant » (DAESH) prend la ville de Mossoul en Irak.

L’évolution des formes de guerre (Métropole, jour 1, 2022)

En analysant les documents, en les confrontant et en vous appuyant sur vos connaissances, caractérisez les différentes formes de guerres.

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Composé en bonne partie de moudjahidines* étrangers ayant prêté allégeance à Oussama Ben Laden, mais contrôlé en Irak même par le Jordanien Abou Moussad AlZarquaoui, AQI (Al-Qaïda en Irak) est à l’origine d’une campagne d’une extrême violence contre les forces de la coalition, le gouvernement irakien et les chiites du pays. Son objectif avoué consiste à faire voler en éclats le nouvel Irak en vue d’y instituer un califat. Par habitude, nous avons entrepris de cartographier l’organisation en lui attribuant une structure militaire traditionnelle, avec ses échelons et ses rangs. Au sommet se trouvait Al-Zarkaoui, suivi d’une succession de lieutenants et de fantassins. Cependant, plus nous y réfléchissons, plus nous constatons que ce modèle ne fonctionnait pas. Les lieutenants d’AQI n’attendaient pas les directives de leurs supérieurs pour agir, et encore moins les ordres de Ben Laden. Les décisions se prenaient de façon décentralisée, mais rapide, puis étaient transmises horizontalement à travers l’organisation. Les combattants d’Al-Zarkaoui étaient bien adaptés aux régions qu’ils fréquentaient, comme Falloujah et Al-Qaim**, dans la province orientale d’Anbar, et grâce à la technologie moderne, ils entretenaient des liens étroits avec le reste de la province et du pays. Argent, propagande et information circulaient à un rythme alarmant, permettant une coordination rapide et efficace. Nous les voyions changer de tactique (passer d’attaques à la roquette à des attentats suicides, par exemple) quasi simultanément dans différentes villes. Ils exécutaient une funeste chorégraphie dont la structure, souvent méconnaissable, était en constante évolution. * Combattants engagés dans le Djihad ** Villes d’Irak Source : propos tenus en 2011 dans la revue Foreign Policy par le commandant des forces spéciales américaines Stanley McChrystal (2003-2008), in Jérémy Scahill, Dirty Wars. Le nouvel art de la guerre , 2014

Clausewitz et les conflits du début du XXIe siècle (Polynésie, jour 1, 2022)

En analysant de manière critique les documents, en les confrontant et en vous appuyant sur vos connaissances, répondez à la question suivante : la pensée clausewitzienne permet-elle de comprendre les conflits du début du XXIe siècle ?

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D’après l’ouvrage posthume de Carl von Clausewitz De la guerre , 1832.

Les pays du Sahel doivent désormais faire face à une menace à laquelle ils étaient peu préparés […]. Désormais, nos forces de sécurité et de défense doivent se préparer à une nouvelle forme de guerre sans fin ni front contre des forces le plus souvent non conventionnelles. […] Dans le schéma de Kissinger*, le diplomate et le soldat formaient l’équipe duelle ou idyllique de la scène internationale. C’était sans compter avec les nouveaux acteurs qui viennent concurrencer le sujet de droit international classique qu’était l’État : ils s’appellent le rebelle, le prédicateur transnational, le djihadiste, le terroriste etc. Les États africains doivent, désormais, intégrer la rupture conceptuelle des mouvements comme Al-Qaïda depuis l’expérience afghane. Pour les groupes djihadistes, il s’agira, de moins en moins, de visées globales coûteuses et difficilement réalisables. L’expérience malienne l’a démontré : selon un modus operandi [mode opératoire] bien simple, ces groupes bien établis, procèdent au parasitage des conflits locaux, irrédentistes**, en leur donnant un habillage islamique espérant, ainsi, attirer l’Occident et ses alliés dans le piège d’une éventuelle intervention dont les bavures et maladresses vont certainement encore causer plus de radicalisation. Et c’est le cercle vicieux dont nous ne sommes pas prêts de  sortir de sitôt. […] Boko Haram*** est certes harcelé au Nigeria mais ses exactions visant les soft targets (cibles faciles) à défaut d’opérations de grande envergure, s’abattent sur tout le pourtour du lac Tchad, de Garoua au Cameroun à Mitérié au Tchad, déstructurant les économies, décimant des villages entiers. Le terrorisme qui, il y a dix ans, paraissait un phénomène lointain, est devenu une réalité africaine […]. Avec une telle configuration, les solutions strictement sécuritaires et militaires ont déjà montré leurs limites dans la lutte contre le terrorisme : les Américains sont restés plus d’une décennie en Afghanistan sans éradiquer le phénomène des talibans […]. La transnationalité des acteurs, la porosité des frontières ainsi que la réduction de l’espace par les moyens de communication modernes semblent en faveur de la propagation du phénomène djihadiste dans le Sahel. […] Combinés aux données stratégiques et à l’aggravation des phénomènes liés au trafic de drogue, à la prise d’otages, ces éléments impliquent une nécessaire prise en compte globale de la problématique « sécurité humaine » dans le Sahel et en Afrique de l’Ouest. […] Au regard de l’interdépendance entre les différents risques et menaces (trafic de drogue, terrorisme, menace sur la production de nourriture liée à l’insécurité), cette prise en charge devra se faire avec une stratégie interrégionale. * Kissinger : Henry Kissinger a été conseiller à la Sécurité nationale, puis secrétaire d’État sous Richard Nixon et Gerald Ford. Il a été lauréat du prix Nobel de la paix en 1973. ** Irrédentisme : mouvement visant à réunir en un même État des groupes de même langue et culture vivant sur des territoires différents. *** Boko Haram : groupe armé nigérian se réclamant du djihadisme islamique. Source : « Mutations du djihadisme : l’Afrique face à la guerre asymétrique et l’impératif de prévention », article de Bakary Sambe, mis en ligne par le Timbuktu Institute, African Center for Peace Studies , le 13 janvier 2018 (consultation, 25 septembre 2020).

Conflits et tentatives de paix au Moyen-Orient depuis les années 1960 (Métropole, sujet de remplacement, jour 1, 2022)

En analysant les documents, en les confrontant et en vous appuyant sur vos connaissances, dégagez les ruptures et les permanences dans la conflictualité au Moyen Orient depuis 1967.

De gauche à droite, les drapeaux des États-Unis, d’Israël, des Émirats arabes unis et de Bahreïn sont projetés sur les remparts de la vieille ville de Jérusalem (Jérusalem Est) le 15 septembre 2020, en soutien aux accords de normalisation conclus par Israël avec les Émirats arabes unis et Bahreïn.

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Juin 1967 : à la suite de la fermeture du détroit de Tiran aux navires israéliens par le président égyptien Nasser, Israël conquiert à l’Égypte le désert du Sinaï et la bande de Gaza, la Cisjordanie et Jérusalem-Est à la Jordanie et le plateau du Golan à la Syrie. De nombreux Arabes palestiniens se réfugient dans des camps en Jordanie, en Syrie et au Liban. Novembre 1967 : résolution 242 de l’ONU proposée par le Royaume-Uni et approuvée à l’unanimité par le Conseil de sécurité de l’ONU. Septembre 1972 : lors des Jeux Olympiques de Munich, un commando palestinien assassine des athlètes israéliens. 1973 : guerre du Kippour. Israël est attaqué par les armées syrienne et égyptienne. Le conflit armé s’achève sur un statu quo territorial. 1978 : signature des accords de Camp David entre Israël et l’Égypte qui constituent la base du traité de paix entre les deux pays signé le 26 mars 1979. 1980-1988 : guerre Iran-Irak. Elle se solde par un million de morts sans gain territorial de part et d’autre. 1987 : première Intifada. Soulèvement des Palestiniens dans les territoires occupés. 1988 : Israël reconnaît l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP). 1991 : première guerre du Golfe. Le Koweït est évacué par l’Irak suite à l’intervention d’une coalition soutenue par l’ONU. 1993 : signature des accords d’Oslo entre Israël et l’OLP. 2002 : à l’issue de la deuxième Intifada palestinienne, l’État d’Israël édifie un mur le séparant de la Cisjordanie. 2003 : deuxième guerre du Golfe. La coalition américaine renverse le régime de Saddam Hussein. 2004 : création d’Al-Qaïda en Irak. 2006 : début de la première guerre civile irakienne entre groupes sunnites et chiites. 2008 à 2021 : affrontements armés répétés dans la Bande de Gaza opposant l’armée israélienne au Hamas. Mars 2011 : début de la guerre civile en Syrie. 2012-2016 : la bataille d’Alep, deuxième ville syrienne, oppose les rebelles de l’armée syrienne libre à l’armée du régime syrien. 2014 : proclamation du califat par Daech. 2016-2017 : bataille de Mossoul, ville irakienne, qui oppose, dans le contexte de la deuxième guerre civile irakienne, les forces gouvernementales irakiennes aux djihadistes de Daech. 2020 : Israël conclut des accords de normalisation des relations diplomatiques avec les Émirats arabes unis et Bahreïn. Sources : d’après Le Monde diplomatique , 2015-2021 et Pierre Blanc, Jean-Paul Chagnollaud, Atlas du Moyen-Orient , 2019

Différents modes de résolution des conflits (Centres étrangers, Afrique, jour 2, 2021)

En analysant les documents, en les confrontant et en vous appuyant sur vos connaissances, montrez les différents types de relations qu’entretiennent les acteurs des guerres.

Les représentants diplomatiques de toutes les parties prenantes négocient, pendant le congrès de la paix en Westphalie, à Munster en 1648. Dessin à l’encre sur papier. Les notations manuscrites ne sont pas lisibles.

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Les otages autrichiens ont été libérés en octobre 2008, après le versement d’une rançon. « Nous ne négocions pas avec les terroristes » a déclaré le chancelier [autrichien] Alfred Gusenbauer vendredi en marge du sommet de l’UE à Bruxelles. Néanmoins, comme l’a révélé Die Presse, des négociations ont lieu pour la libération des deux otages de Salzbourg. Il est question d’une rançon. Le montant, on ne le connaît pas. Dans des cas comparables, Berlin, Paris ou Rome ont payé des millions de dollars. Le soir, sur la chaîne de télévision ZiB2, Ursula Plassnik, ministre des Affaires étrangères [autrichienne] a apporté un démenti : « Non, nous ne négocions pas ». L’Autriche serait en contact avec les gouvernements concernés, mais les exigences des preneurs d’otages même avec « la meilleure volonté de l’Autriche » ne pourraient pas être satisfaites. […] L’Algérie et la Tunisie refusent de libérer les membres d’AlQaïda. Jeudi soir, les preneurs d’otages ont adressé à l’Autriche un ultimatum par internet. Ils exigeaient la libération de tous les membres « d’Al-Qaïda au Maghreb » détenus dans les prisons tunisiennes et algériennes d’ici dimanche à minuit. Une fois ce délai expiré, l’Autriche serait « responsable de la vie des deux otages ». […] Il n’est pas possible de satisfaire la revendication des preneurs d’otages qui consiste à obtenir la libération de prisonniers dans d’autres pays, a déclaré Alfred Gusenbauer. Le président français Nicolas Sarkozy a assuré, lors du sommet de l’UE, que son pays ferait tout pour sauver les Autrichiens enlevés. Il a également assuré qu’Alfred Gusenbauer avait demandé l’aide de services secrets européens. D’après Nicolas Sarkozy, les services secrets extérieurs français travaillent étroitement avec l’Autriche. Les services secrets amis sont déjà, bien sûr, impliqués depuis longtemps. Les experts du terrorisme pensent que des contacts ont déjà été pris pour la libération des otages en passant par des intermédiaires. […] Les dirigeants politiques autrichiens excluent une action militaire. Alfred Gusenbauer a condamné l’enlèvement des deux Salzbourgeois en le qualifiant « d’acte complètement hors de toute règle de droit » et a exigé « la libération immédiate et sans condition des otages ». Source : d’après le quotidien autrichien Die Presse, 15 mars 2008

Des guerres de nature différente (Métropole, Jour 1, 2021)

Frédéric II marchant le 25 août 1758 à la tête de ses troupes à la bataille de Zorndorf, une victoire prussienne sur les troupes russes pendant la guerre de Sept Ans.

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Au moment où il écrit cet ouvrage, Marc Trévidic est juge d’instruction au pôle national antiterroriste à Paris. Évidemment, et ce nom revenait aussi dans les dossiers, Al-Qaida était au centre de mes lectures. Aujourd’hui, personne n’ignore ce qu’est cette organisation, le nom d’Oussama Ben Laden est célèbre dans le monde entier. Avant le 11 septembre, Al-Qaida était surtout connu des services spécialisés. Certes, Ben Laden était depuis la fin des années 1990 l’un des fugitifs les plus recherchés par le FBI. Son nom et celui de son organisation apparaissaient dans certains articles de presse ou reportages télé. Mais dans la tête du grand public, il n’était pas encore l’ennemi public numéro un. AlQaida était au mieux un nom bizarre. Et l’idée que cette obscure organisation puisse faire vaciller l’Amérique était proprement inconcevable. […] L’Occident a laissé les camps d’entraînement afghans prospérer, les jihadistes ont pu circuler dans le monde entier, librement, ou sous de fausses identités, tandis que les théoriciens de la terreur lançaient des fatwas* depuis Londres, sans être inquiétés. Les attentats se multipliaient, les menaces de Ben Laden contre l’Occident ne cessaient d’enfler, ses troupes grossissaient mais rien n’a pu stopper cette machine infernale. En retraçant la montée en puissance d’Al-Qaida, graduelle, planifiée, méthodique, on réalise à quel point la catastrophe était prévisible. Permettez-moi ce retour historique. Al-Qaida est un mot arabe que l’on peut traduire par « la base ». Ces dernières années, les théories se sont succédé sur les raisons pour lesquelles ce mot a finalement été choisi pour désigner la plus grande organisation terroriste du monde. Il est même difficile d’accorder la paternité de ce choix à qui que ce soit. Il fallait bien un nom car toute chose doit être nommée. Certains disent qu’il s’agit de désigner avant toute chose une « base militaire », d’autres soutiennent qu’il s’agit d’une base de données. Force est de constater qu’Al-Qaida a été les deux. Source : Marc Trévidic, Au cœur de l’antiterrorisme , 2011 * Dans le droit musulman, une fatwa est un avis religieux et juridique, sur une question concrète. Ici, le mot est synonyme de condamnation.

Clausewitz à l’épreuve des tentatives de paix au Moyen-Orient (Métropole, jour 2, 2021)

En analysant les documents, en les confrontant et en vous appuyant sur vos connaissances, montrez que la pensée de Clausewitz reste d’actualité pour comprendre la difficile construction de la paix au Moyen-Orient.

On ne peut considérer la guerre, c’est-à-dire les tensions et les actions hostiles, comme ayant atteint son terme aussi longtemps que la volonté de l’ennemi n’a pas été brisée, son gouvernement et ses alliés contraints de faire la paix, son peuple de se soumettre. Car il se peut que les hostilités reprennent, de l’intérieur du pays ou par l’entremise de ses alliés, quand bien même nous l’occupons tout entier. Bien entendu, cela peut avoir lieu aussi après que la paix a été conclue, ce qui ne prouve rien d’autre que ceci : toutes les guerres n’aboutissent pas à un verdict définitif et à un règlement parfait. Même si tel est le cas, cependant, la signature de la paix éteint toujours bien des étincelles qui auraient continué de couver […]. Mais dans le monde réel, cette fin de la guerre abstraite, cet ultime moyen de réaliser la fin politique auquel concourent tous les autres, à savoir la réduction de l’adversaire à l’impuissance, n’est pas à tout coup à portée de la main, et n’est pas non plus la condition sine qua non de la paix ; il ne peut donc en aucun cas être érigé en loi par la théorie. D’innombrables traités de paix furent signés sans que l’un des deux camps puisse être considéré comme réduit à l’impuissance, et même avant que l’équilibre des forces ait été visiblement rompu […]. Dans la réalité, avec l’incapacité à résister plus avant, il y a deux raisons de faire la paix. La première est l’invraisemblance de la victoire, la deuxième son coût trop élevé […]. La guerre n’a donc pas toujours besoin que les combats continuent jusqu’à l’anéantissement de l’un des antagonistes ; il peut suffire parfois d’une probabilité d’insuccès légère, peut-être à peine perceptible, pour décider un camp à abandonner la partie si ses motifs d’agir et les tensions qui l’animent sont de faible intensité. Si l’autre côté en est persuadé à l’avance, il est normal qu’il vise à réaliser cette probabilité au lieu d’emprunter le long chemin de l’anéantissement complet de l’adversaire. Le bilan de l’énergie dépensée et de celle qui reste à dépenser pèse d’un poids encore supérieur dans la décision de faire la paix. La guerre n’étant pas commise par passion aveugle, mais contrôlée par son objectif politique, c’est la valeur attribuée à ce dernier qui détermine l’ampleur des sacrifices requis par sa réalisation. Cela vaut non seulement pour son ampleur mais également pour sa durée. Dès que la dépense d’énergie passe le seuil où elle n’est plus équilibrée par la valeur de l’objectif politique, il faut y mettre un terme, et la paix s’ensuit logiquement. Source : Carl von Clausewitz, De la guerre, Livre I, Chapitre II, 1832, traduction française de 1999.

Sur la photo, de gauche à droite : le ministre des Affaires étrangères de Russie Andrei Kozyrev ; le Premier ministre d’Israël Yitzhak Rabin ; un fonctionnaire américain ; le président des États-Unis Bill Clinton ; assis, le ministre des Affaires étrangères d’Israël Shimon Peres ; le président de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) Yasser Arafat ; le secrétaire d’État américain Warren Christopher ; le numéro 2 de l’OLP Mahmoud Abbas.

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Clausewitz et les conflits contemporains (Sujet zéro 1, 2021)

La conception clausewitzienne de la guerre telle qu’analysée par Raymond Aron permet-elle de comprendre les conflits contemporains liés au djihadisme ?

Le politologue et historien Raymond Aron analyse la pensée de Clausewitz développée dans son traité De la guerre. Au point de départ, le modèle le plus simple, celui du duel, qui suggère une première définition de la guerre, épreuve de volonté avec l’emploi de la violence physique. L’analyse du modèle conduit à la théorie de l’ascension aux extrêmes […] et de la guerre absolue […]. En un deuxième moment, Clausewitz réintroduit les éléments principaux que le modèle a négligés : l’espace (un État n’est pas un lutteur, il dispose d’un territoire, d’une population) ; le temps (le sort d’une guerre, d’une bataille, d’un État, ne se décide pas en un seul instant) ; l’asymétrie entre l’attaque et la défense, qui rend compte de la suspension des opérations ; enfin la politique, qui fixe la fin de la guerre elle-même et, en fonction de l’ensemble des circonstances, des intentions supposées de l’ennemi et des moyens disponibles, détermine le plan de guerre, la mesure des efforts. Le premier chapitre, résumé de la philosophie du traité tout entier, aboutit à une deuxième définition […] du phénomène guerre, étrange triade de la passion (le peuple), de la libre activité de l’âme (le chef de guerre) et de l’entendement (la politique, l’intelligence personnifiée de l’Etat). […] La pensée de Clausewitz se prête à deux interprétations, non pas contradictoires mais divergentes. Ou bien on retient pour centre de sa pensée la bataille d’anéantissement […]. Ou bien on fixe son attention sur l’autre versant de sa pensée : la guerre continuation de la politique par d’autres moyens ou avec l’addition d’autres moyens, donc la primauté de l’homme d’État sur le chef militaire, l’affirmation répétée que la guerre absolue ou idéale est la plus rare dans l’histoire, que la plupart des guerres, mesurées à la guerre absolue, ne sont que des demi-guerres. […] Comparée au XXe siècle, la période révolutionnaire et napoléonienne ne semble qu’une pâle répétition d’une pièce d’horreur à grand spectacle. Source : Raymond ARON, Mémoires , Paris, Julliard, 1983, p. 646-649.

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Le modèle westphalien, ses caractéristiques et sa pertinence (Sujet zéro 2, 2021)

En analysant le document et en vous appuyant sur vos connaissances, répondez à la question suivante : le « modèle westphalien » permet-il de comprendre les relations internationales d’aujourd’hui ?

Si la paix de Westphalie a marqué un tournant dans l’histoire des nations, c’est parce que les éléments qu’elle a mis en place étaient aussi simples que radicaux. L’État – et non l’empire, la dynastie ou la confession religieuse – s’affirma comme l’élément fondamental de l’ordre européen. La notion de souveraineté étatique fut établie. Le droit de chacun des signataires de choisir sa propre structure intérieure et son orientation religieuse personnelle indépendamment de toute intervention fut reconnu, tandis que des clauses absolument nouvelles veillaient à ce que des confessions minoritaires puissent pratiquer leur foi en paix, sans risquer la conversion forcée. Au-delà des exigences immédiates de l’heure, les principes d’un système de « relations internationales » se mettaient en place, nourris par le désir commun d’éviter la réapparition d’une guerre totale sur le continent. On institua des échanges diplomatiques, notamment par l’installation de représentants permanents dans les capitales des autres États […]. Les parties voyaient dans l’organisation future de conférences et de consultations la création de tribunes qui permettraient de régler les querelles avant qu’elles n’entraînent des conflits armés. Le droit international élaboré pendant la guerre par des conseillers lettrés et voyageurs tels que Hugo de Groot (Grotius) apparut comme un ensemble extensible de règles admises par tous, destinées à cultiver l’harmonie, centrées autour des traités de Westphalie eux-mêmes. Le génie de ce système, et la raison pour laquelle il s’est répandu à travers le monde, était que ses dispositions portaient sur des points de procédure, et non de fond. Si un État acceptait ces conditions de base, il pouvait être reconnu comme un citoyen international en mesure de préserver sa culture, sa politique, sa religion et sa politique intérieure personnelles, à l’abri de tout intervention extérieure du système international. […] Le concept westphalien prenait la multiplicité comme point de départ et intégrait des sociétés diverses, dont chacune était acceptée comme une réalité, dans une quête d’ordre commune. Au milieu du XXe siècle, ce système international était en vigueur sur tous les continents ; il constitue toujours la charpente de l’ordre international actuel. Henry Kissinger, L’Ordre du monde , édition originale 2014, traduction française Paris, Fayard, 2016.

La complexité de la construction de la paix (Métropole, sujet de remplacement 1, 2021)

 En analysant les documents, en les confrontant et en vous appuyant sur vos connaissances, mettez en évidence les acteurs, les moyens et les difficultés pour construire la paix.

Jusqu’à la fin, les opérations militaires portèrent de l’ombre aux négociations de paix. « En hiver, nous négocions ; en été nous combattons » affirmait l’un des négociateurs. Jusqu’au bout, Mazarin continua cet effort de guerre pour obtenir une paix avantageuse. Jusqu’au traité, il joua la carte de l’alliance suédoise. Les négociateurs furent nombreux en Westphalie avec 194 souverainetés représentées. Âgés en moyenne de 45 à 49 ans, 40% d’entre eux avaient déjà une expérience diplomatique. Parmi les négociateurs, nombreux étaient des juristes de profession : d’où le goût du plaidoyer, de l’argutie* juridique, de la procédure écrite, de la prudence aussi. Les discussions furent lentes en raison de l’éclatement [des discussions] en deux villes et des correspondances difficiles avec les souverains. À cela s’ajoutait le poids des fausses nouvelles, des lettres interceptées, des révélations de l’espionnage. Le congrès fut néanmoins l’occasion d’un immense travail de réflexion et de proposition. Prenons l’exemple de la France. La décision politique était soumise à des contraintes qui n’étaient pas seulement formelles. Mazarin était le chef d’orchestre de la diplomatie française, mais il rendait compte de ses plans au conseil, à la régente – elle n’approuva pas sa politique, semble-t-il, à l’égard des propositions d’Espagne en 1647 – et aux princes de la famille royale. Le dialogue entre la diplomatie royale et ses négociateurs avait aussi ses vertus : de Paris, un courrier tous les dix jours faisait le point sur la position française, avec des commentaires du secrétaire d’État Brienne, revus par Mazarin ; de Westphalie arrivaient les avis des négociateurs. […] Pour la défense de la sainte foi**, la France était là dans une position ambiguë. […] Les alliés de la France étaient protestants et le premier d’entre eux, la Suède, voulait faire de l’Allemagne une vaste zone réformée. Source : Lucien Bély, Les relations internationales en Europe XVII-XVIIIe siècles , Presses Universitaires de France, 1992 * argutie désigne ici un raisonnement pointilleux. ** sainte foi désigne ici la religion catholique.

Kofi Annan et Yasser Arafat au siège de l’ONU le 5 mars 1997 pour discuter de la mise en œuvre du processus d’Oslo.

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